Explorons l’identité de « minorité » et le processus de minorisation,

de perspective intérieure et extérieure.

Tuesday, April 5, 2011

Le nous et eux d'un nationalisme



Journal de Bord #2
Nationalisme, limites, et minorisation


            Le Canada, comme toute autre entité politique, a créée un sens de nationalisme au cours de son développement culturel. Pendant que cette conscience fabriquée crée un sentiment d’appartenance, le nationalisme va aussi marginaliser « les autres » et définir les lignes d’exclusion et d’inclusion. Il est important de réfléchir sur la valeur de ces deux fonctions opposées et ses effets sur les membres et non membres d’une communauté nationale.
             Lorsqu’on crée un fort sens du nationalisme, on exclut inévitablement les autres groupes. Le nationalisme implique le développement d’une identité de « nous », et avec chaque « nous » il y a un « eux ». Par exemple, dans l’article d’Antonius le sens du nationalisme québécois s’oppose à une identité de « l’autre » musulman, qui n’est pas vu comme Québécois à cause de sa religion, style d’habillement, langage, apparence physique. Avec une identité particulière, qui délimite les caractères québécoises, une opposition se crée aux eux qui ne tiennent pas ces caractères. Anderson décrit ce processus de démarcation en termes de la nature même d’une nation.
            On pourrait dire que les nationalismes minoritaires, qui existent dans le cadre et sous la règle d’un pays dominant, ont un plus fort besoin de se distinguer avec l’outil du nationalisme. Afin de résister l’hégémonie de la culture majoritaire, une nation minoritaire doit mettre un accent sur leurs caractères uniques. L’exemple du Québec s’applique ici aussi—afin de se déclarer unique, et de lutter contre un absorption dans la culture canadienne, il y a un nécessité de mettre l’emphase sur la différence. Ce processus crée nécessairement une division entre les vrais Québécois et autres, en incluant les membres de la culture canadienne dominante, les autochtones, et les immigrants. L’exemple d’exclusion des Musulmans décrit par Antonius fut en partie une fonctionne de la réaction québécoise contre l’acculturation destructif de la majorité canadienne. Dans la même façon, les Cingalais à Sri Lanka ont monté une campagne de nationalisme, afin de réclamer leur culture après l’époque de colonialisme (britannique et autre). Mais en se faisant, la minorité tamoule était exclue du discours nationaliste cingalais. Cette minorisation résultait dans les dynamiques de pouvoir très destructives.
            Alors en luttant de préserver sa propre culture, on peut dénigrer une autre. La minorisation venant du nationalisme peut exclure les membres d’un État-nation qui ne sont pas membres de la nation culturelle construite. On peut poser la question d’importance de valeur de ces deux phénomènes. Oui la nationalisation est un processus de minorisation et exclusion, mais l’exclusion implique toujours l’inclusion, et on peut se questionner si la valeur venant de ce sentiment d’appartenance et cohésion vaut la peine d’un création d’un minorité. Dans le cas de Sri Lanka, et dans le cas d’une racisation des Musulmans au Québec, il est clair que ce nationalisme et minorisation portent des implications négatives et sérieuses. Toutefois, les effets positifs d’un sens de nationalisme, est-ce qu’ils égalent ces effets pervers?
            Anderson dit que « les communautés se distinguent, non par leur fausseté ou leur authenticité, mais par le style dans lequel elles sont imaginées » et que « la nation est imaginée comme limitée » (Anderson, 2002, p. 20). Si on pense de la communauté nationale comme créateur de limites, il est impossible de concevoir d’un nationalisme ou la minorisation n’existe pas. Même au Canada, où on trouve un discours de bienveillance et une ouverture aux autres, les limites à qui peut se dire canadien sont exclusives. Les Canadiens s’imaginent dans un style ouvert et libéral, et si quelqu’un ne pense pas dans cette façon, il n’est pas bienvenu dans cette communauté. Dans ce cas la valeur de promouvoir un tel style de penser— d’acceptation et diversité—crée une minorisation des idéologies racistes et une exclusion des individus qui ne sont pas acceptantes.
            Alors il est bien vrai que la nationalisation est exclusive, et implique un processus de minorisation. Les caractères fondamentales de nationalisme, en tant que créant les limites et critères d’inclusion, sont exclusives par nature. Cependant, ça ne veut pas dire que le nationalisme n’est pas justifiable. Chaque communauté implique la création des limites et l’appartenance basée sur certaines caractéristiques, et chaque communauté, pour ses membres, offre un sens d’appartenance et d’acceptation. La question est de balancer ces bénéfices pour membres et ces effets négatifs pour eux qui n’appartiennent pas.   


Anderson, Benedict. 2002. “Les Origines de la conscience nationale” dans L’imaginaire national: réflexions sur l’origine et l’essor du nationalisme, traduit par Pierre-Emmanuel Dauzat. Paris: La Découverte.

Antonius, Rachad. 2008. “L’Islam au Québec: les compléxités d’un processus de racisation” dans Cahiers de recherche sociologique, 46, p. 11-29. 

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